Le management collaboratif, un levier de performance pour vos équipes
- Maimouna Dione
- 25 mai
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 juin
Par Dr Ndèye Niokhor GNING
1/ Qu’est ce que le management collaboratif ?
2/ Comment se pratique-t-il ?
3/ Quels sont les avantages de pratiquer le management collaboratif chez son équipe de travail ?
1/ Le management collaboratif : définition
Le management collaboratif est une variante du management démocrate. Dans le modèle collaboratif, on fait appel à une rencontre des idées, des compétences et des talents, à une participation active au processus décisionnel et à la prise de parole au travail.
Sur la table de l’organisation du travail, le subordonné a une place. D’ailleurs, le terme subordonné ici change d’appellation pour prendre le nom de collaborateur, partenaire d’affaires. Ici, le slogan c’est : ce que tu penses m’intéresse. Partage des savoirs.

La collaboration signifie quoi?
D’après Stephen Robbins et al (2020), la collaboration est une compétence qui permet aux individus de travailler ensemble de façon active en construisant du sens et du partage des savoirs dans un groupe par le biais du dialogue et de la négociation.
Les espaces de travail collaboratifs sont des espaces de travail partagés où chaque travailleur met son expertise, ses hard skills (savoir-faire requis pour le travail), ses softs skills (sens de la communication, qualité de leadership, polyglotte, facilité relationnelle, etc.) au service d’un projet commun ou d’un but collectif.
Le management collaboratif est une façon parmi les 1000 façons de manager. Le management par excellence est individuel, personnalisé aux objectifs de chaque organisation et adapté à l’environnement d’implantation. Chacun en a une définition singulière, de même que la notion de « chef ».
Manager revient à choisir les conditions sous lesquelles, des actions seront posées par des individus et/ou des robots afin de réaliser un objectif. Je dois en tant que manager concevoir et maintenir une ambiance de travail dans laquelle les individus parviennent à collaborer et à réaliser des objectifs collectivement.
Un manager dans une organisation, c’est une personne qui coordonne et dirige des activités soit en mode hiérarchique, soit en mode transversal.
Parmi donc les milles et une manière de manager, d’aucuns choisissent le collaboratif.
Quand je choisis d’être un manager collaboratif, je suis loin du manager autocrate ou autoritaire où on centralise le pouvoir et l’autorité : je décide, vous obéissez. J’impose mes méthodes de travail, je prends des décisions souveraines, indiscutables (relations d’obéissance), car je limite la participation des employés et la prise d’initiatives, j’étouffe la liberté d’expression et bride des potentiels. Dans le collaboratif, on décentralise le pouvoir, on recueille les avis des uns et des autres. On est consultatif.
Dans le collaboratif, le managé a droit à la parole, le leader encourage la prise de parole en public et pas que, ses collaborateurs parlent de manière assertive.
Faire du collaboratif c’est allier à la fois l’animation d’équipe et l’accent sur la productivité.
L’animation d’équipe, c’est prendre le soin de créer de l’enthousiasme autour du travail (motiver), le leader choisit comment il le fait. Il convient en général d'encourager, de booster, de faire preuve d'empathie en se souciant de ce qui touche les autres.
Mettre l’accent sur la productivité, c’est mettre l’intelligence collective au service des résultats attendus. J’accentue la performance en croisant les idées, les valeurs, les compétences, les talents, les connaissances. Le management collaboratif en effet, se définit comme un style où l’autorité verticale ne disparait pas, mais ce sont les relations verticales qui sont troquées pour des relations horizontales de travail:
Mes subordonnés deviennent mes alliés.
Les relations de chefferie et de distance hiérarchique sont amoindries : on interagit plus fréquemment. Le chef est disponible et se tient à la disponibilité des autres qui peuvent venir le voir quand ils ont des préoccupations.
Avec le collaboratif, on cultive l’empathie et on ne manage plus les autres par la peur.
Les relations horizontales, font appel à un décloisonnement des connaissances, des compétences qui débouche sur un échange. On passe d’une équipe spécialisée à une équipe pluridisciplinaire. Les absences pourront être parées par les autres car on a réussi à former une équipe transversale.
Enfin, quand je pratique le management collaboratif, je suis loin du management paternaliste très connu en Afrique où le chef infantilise ses subordonnés. Sur la table de décisions, seuls les seniors ont droit à la prise de parole. Dans la conception du/ de la patron (ne) paternel, maternelle ou fraternel, l’équipe managée n’est pas assez mûre pour prendre les bonnes décisions.
Dans le collaboratif en revanche, on retourne à l’équipe sa juste valeur et appréciation. Quand je porte comme slogan : j’aime savoir ce que vous pensez, j’accorde de la valeur à tes pensées, j’accorde du crédit à ton avis, je valorise par-là tes compétences.
2/ Comment pratiquer le management collaboratif ?
D'abord où se pratique le management collaboratif :
Le collaboratif est un modèle de gestion d’équipe pouvant s’appliquer à toutes les formes d’organisation
Allant du plus complexe : Etat, multinationales, grandes entreprises
Au plus simple : Moyennes et Petites Entreprises
Du secteur formel au secteur informel : ateliers de couture, tontines, associations, mosquées, églises...
Des équipes classiques aux équipes projets
Faire du collaboratif c’est tout d’abord changer sa vision du management : je suis chef (fe), je pratique le sens de l’écoute active vis-à-vis de ceux que je dirige; je suis chef (fe), je cultive en même temps l’humilité (il peut y avoir plus savant que moi dans mon équipe). Je pratique l’ouverture d’esprit en écoutant (de manière sincère et en acceptant la contradiction) en sondant, je prends la température dans l’échange. Je coach mon équipe en leur apprenant un peu plus.
Faire du collaboratif, c’est transformer radicalement l’environnement de travail d’abord en passant de la verticalité à l’horizontalité par un décloisonnement des statuts et rôles pour une rencontre des compétences
Je crée un esprit d’équipe tout neuf chez mon personnel managé :
la communication transparente et authentique (l’information circule autour de toute l’équipe sans exception), via la parole, l'écriture, la communication non verbale, l'IA (présentations, recherche approfondie, traduction, rapports), la mise en place d'espaces de travail collaboratifs en ligne en vue de favoriser un transfert ou une circulation d’informations nécessaires au groupe.
Le sens de l’écoute active (attitude attentive et réceptive face à ce que l’autre exprime, captation du sens complet du message) : on apprend à s’écouter.
L’assertivité : un appel à la prise de parole, communiquer ses idées de manière assumée, assurée sans agressivité, dans le respect des autres. Sans devoir se taire quand j’ai une bonne idée ou une meilleure, sans avoir peur de la réaction du chef, sans devoir se plier à la masse.
L’esprit critique : sens de l’analyse des situations, des idées posées afin de les aborder sous différents angles en vue de définir et résoudre les potentielles variables qui mènent à des décisions pesées. Capacité à former des jugements et évaluations avec la particularité des situations et l’ensemble des circonstances
L’inclusion : nul n’est discriminé pour quelque raison que ce soit, la compétence ici est célébrée et on tire parti de la différence. Etre capable de dialoguer et de négocier dans le cadre d’un groupe.
Un appel à une participation active : ce que chacun peut apporter en termes de softs et hard skills dans les stratégies à prendre, les décisions et planning de travail pour argumenter la performance, assurer une excellente productivité à la fois efficace et efficiente.
Une mise en commun : savoir faire travailler ensemble de façon active sur une tâche et de trouver des solutions à des situations problématiques. Sélectionner, organiser, intégrer les informations et accueillir de façon collective, à partir de sources diverses.
Créer une Culture d’entreprise (CE) afin de favoriser le sens de l’appartenance commune et de partage d’une vision commune : la CE c’est la personnalité ou l’identité d’un groupe (ensemble des manières de faire, d’agir et de penser partagée par les membres d’une équipe de travail) définissant ses valeurs, ses principes de fonctionnement. La CE crée un référentiel commun qui sert de guide d’orientation des différents tempéraments et énergies.
La CE a des activités collectives parmi les plus prisées, les activités team building. celles-ci permettent aux membres de rester soudés, d’intégrer ceux qui ont des problèmes de communication sociale, de partager des activités récré ludiques qui permettront aux membres de s’évader, de réparer des liens perdus, d'en construire des tout neufs, de libérer le stress et de se reposer. Car tout travail bien fait, mérite un repos.
Pratiquer le management collaboratif, c’est pratiquer l’effet de considération qui signifie en langage managérial simple, parler et traiter son personnel avec respect, faire usage des règles élémentaires de la vie en société en entreprise, prendre le soin de saluer convenablement en passant par les prénoms ou noms de famille des gens que l’on dirige, marquer la singularité; faire preuve d’empathie, se soucier de ce qui touche les gens pour préserver leur santé mentale et physique.
L’effet de considération, c’est le comportement du manager vis-à-vis de sa considération du travailleur en tant qu’humain d'abord, par une conscience de ses qualités humaines et de la qualité du travail du collaborateur ensuite.
Dans le collaboratif, l’effet de considération va au-delà de cette définition pour glisser de l'estime à ses collaborateurs, de s’intéresser à leurs idées, et par là de faire grimper leur estime d'eux-mêmes.
L’effet de considération augmente la valeur du collaborateur : reconnaissance, valorisation des qualifications individuelles. Elle fait en sorte que chacun se sente exceptionnel et important, l’équipe se sente meilleure que quiconque. Ce facteur booste et pousse au sommet.
Enfin comment pratiquer du management collaboratif, c’est savoir voir les choses du point de vue de l’autre, grâce à l’écoute active et l’empathie, c’est s’engager dans l’esprit du collaborateur en considérant son point de vue et ses angles d’analyse en essayant de comprendre le bien-fondé de son argument.
Par ailleurs, la communication du manager joue un rôle central. Elle se doit d'embrasser la flexibilité et l’adaptabilité : discours assertif et bienveillant, ton motivant et bienveillant. Opposer la CNV à la CV, éviter de crier, d’être impatient ou d’obliger les autres à carburer à son rythme. On s’adapte tout en rectifiant.
Un manager collaboratif peut transformer son environnement de travail,
En un environnement compétitif dans un cadre bienveillant.
C’est-à-dire, lorsque je transforme mes subordonnés en alliés, je dois faire en sorte que les objectifs soient le leur, qu’ils soient parfaitement alignés avec. Les objectifs d’un environnement de travail doivent par excellence répondre au critère SMART.
Pour préserver mon environnement collaboratif, je termine par l’effet de considération en félicitant l’équipe pour chaque réalisation, en la récompensant, en faisant preuve de gratitude.
3/ Les avantages de faire du management collaboratif
Tout le monde y gagne à faire du collaboratif.
Depuis plus d’un siècle, les recherches scientifiques sur le management placent le facteur humain au cœur du succès des entreprises. Robert Owen, Mary Parker Follett dans l’approche comportementale préconisent par exemple que le manager ne doit pas avoir du pouvoir sur les individus mais du pouvoir avec eux.
Les années 30 confirmeront ces idées précurseurs de la considération du subordonné, avec les expériences Hawthorne d’Elton Mayo, les approches humanistes et participatives du management autour d'Abraham Maslow, de Douglas McGregor théorie X et Y, et d'autres auteurs comme Likert et Lewin qui nous présentent les formes autocrates et démocrates du management.
D’autres études scientifiques menées en 2018, dans des multinationales africaines montrent comment les milléniaux (la GEN Y) ne s’accordent plus avec une mentalité managériale directive et autoritaire de la génération X où le manager prend ses décisions et les annonce au groupe. Ils privilégient l'approche transversale, participative, consultative du management. (Gning, 2018).
Parce qu’ils ont compris comment un espace de travail collaboratif est fertile et favorise un gain de temps énorme dans certaines activités.
Ils ont compris qu’un manager peut ne pas tout connaitre, il est plus bénéfique d’être consultatif.
Un manager en tant que figure de proue ne peut pas être présent partout et tout faire, il faut déléguer. Le collaboratif nous apprend à lâcher prise et à déléguer, à faire confiance.
Le management collaboratif est une remise en question du paternalisme et du directivisme. Quand on infantilise quelqu’un on l’empêche de grandir. Le collaboratif aide à rendre mature un managé et à construire son sentiment d’efficacité personnelle.
Dans le leadership intergénérationnel, on a une nouvelle classe de diplômés, la GEN Z qui demande d’être moins directif et à être traités comme des associés, de multiplier les échanges afin d’exploiter au mieux leur potentiel en connaissances sur la technologie et l’IA.
Chef-fe d’Etat, Directeur/rice de multinationale, chef-fe de projet, Recteur, Directeur/rice de maternelle, chef-fe atelier de couture, chef-fe d’entreprise, faire du collaboratif développe le sentiment d’estime de soi, ce sentiment qui offre la croyance positive que ma partition compte, que je suis utile.
En tant que chef d’Etat, collaborer avec ses ministres et les équipes composant ces ministères permet d’être informé sur les détails qui touchent les populations que l’on gouverne. Ceux qui sont sur le terrain sont à même de savoir ce qui se passe. Considérez, coopérez avec la hiérarchie, ils vous tiendront informés de ce que vous devez savoir.
En tant que multinationale, je me dois d’adapter ma démarche managériale. Lorsque je collabore avec les locaux, ils m’informeront des savoir-faire locaux et codes sociaux indispensables pour m’implanter correctement et placer le style de management qu’il faut.
En tant que chef de projet, c’est faire preuve d’influence et d’implication de tous. Les avantages sont que cela permet de créer des synergies entre experts réunis, de minimiser la concurrence contreproductive sur les tables de décisions où chacun veut avoir raison.
Conclusion
Collaborer, c’est confronter des idées afin d’en sortir la meilleure. Un membre d’équipe travaille mieux sur des plans auxquels il a participé à élaborer, un sentiment de fierté, de valeur, de force, de capacité et de reconnaissance nait automatiquement.
Références de l'article:
Carnegie, D. (1994). Comment trouver le leader en vous. Paris: Hachette.
Gning, N. N. (2018). Analyse de la dynamique interculturelle africaine et des problématiques managériales au sein des entreprises internationales sénégalaises. Cas comparés entre ASECNA & AfricaRice Center. Thèse de doctorat. Soutenue en Juillet 2018. Université de Paris & Université Gaston Berger de Saint Louis.
Robbins, S.; Coulter, M.; DeCenzo, D. & Né, I. (2020). Management, Paris: Pearson.
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